Le métier
de guide touristique se pratique très mal à Saint-Louis. C’est un véritable
capharnaüm où tout le monde et n’importe qui s’érigent en raconteurs de
« bonne vérité » au risque de noircir la destination Saint-Louis. Les
guides amis du patrimoine de Saint-Louis montent au créneau pour demander à la
tutelle de faire règner l’orthodoxie dans le recrutement et la formation des
professionnels du secteur. Par ailleurs, il est demandé à l’Etat de sevir
contre les imposteurs qui ganrènent le métier. ZTS a rencontré Amadou DIOP, le
Président des guides touristiques de Saint-Louis. Entretien.
Zones Touristiques
du Sénégal : Quels sont les problèmes rencontrés par les guides
touristiques à Saint-Louis du Sénégal ?
Amadou Diop : Saint-Louis est une ville historique.
C’est un patrimoine qui ne doit pas ètre raconté à n’importe qui, n’importe
comment si tant est qu’elle est classée patrimoine mondiale de l’UNESCO. Donc,
il y a un discours à tenir. Aujourd’hui malheureusement, tout le monde est
guide touristique : les cochers, les antiquaires, les badauds, … Cela pose
problème parce que l’histoire de notre patrimoine est racontée n’importe
comment et ça nous porte préjudice. Notre patrimoine doit être conservé et non
dévoyé par des « charlatans ».
C’est notre combat de protéger ce patrimoine. Mais c’est dommage que les autorités ne
s’impliquent pas assez. Pourtant le
métier de guide touristique est régi par un décret présidentiel.
ZTS :
Mais qui doit être guide touristique ?
AD : Un guide touristique doit détenir une carte
professionnelle délivrée par le ministère du tourisme. Mais là cela pose
problème parce qu’il y a des guides touristiques qui ont la carte mais qui ne
connaissent même pas la date de création de la ville de Saint-Louis du
Sénégal. Nous nous posons des questions
sur le comment est-ce qu’ils sont parvenus à obtenir ces cartes ? En tout
ici à Saint-Louis, les tout premiers guides touristiques ont été recrutés sur
concours et ont été formés : Nous avons fait deux ans de formation à
travers des modules. Nous continuons d’ètre formés en ce moment. Ce qui n’est
pas le cas des guides parachutés par la tutelle. Allez dans les parcs, vous y
voyez des guides qui ne peuvent même pas reconnaitre les oiseaux. Cela porte préjudice à notre métier. Il
devrait avoir des sanctions contre ces fossoyeurs de la profession. Nous continuons de sensibiliser les autorités
mais le combat n’est pas encore gagné.
ZTS :
Mais comment se fait-il que des gens qui n’ont pas le profil de l’emploi
viennent y exercer ?
AD : En tout cas, nous ne savons pas pour le moment
comment ces gens sont recrutés mais ils détiennent des cartes qui portent les
références de la tutelle. Ce qui leur permet d’ètre sur le terrain au même
titre que nous. Même si on recrute des gens, il faut leur faire une formation
parce que sur le terrain, on est tous mis dans le même sac. Le guide est
l’ambassadeur du pays dans le secteur touristique. Il est en contact avec le
touriste du début à la fin de son séjour dans la ville. Nous devons ètre une
vitrine propre et claire. Pour y
parvenir, on est allé jusqu’à créer une « association des guides amis du
patrimoine ». Nous faisons des
sensibilisations à Saint-Louis, Dagana et Podor pour que les populations
puissent s’approprier le patrimoine et le protéger pour les générations
futures. Quand des cochers et antiquaires racontent le patrimoine, le préjudice
pour la nation n’en est plus grand encore qu’avec des guides non formés. Le
métier de guide touristique est un noble. On ne peut pas vendre une destination
comme ça.
ZTS :
Précisez ce que vous voulez dire…
AD : Les faux
guides touristiques sont très agressifs à leur contact avec les touristes.
Regardez les à la descente du pont Faidherbe, dès que les touristes descendent
de véhicule, ils les assiègent littéralement pour leur proposer des visites
tous azimuts. Ils vont leur expliquer par la suite des choses qui sont aux
antipodes de la réalité. Et pour peu qu’un touriste s’en rende compte, c’est la
déception et bye bye ! Il faut revoir le recrutement et les dérives des
guides touristiques. Les vrais guides sont bacheliers, licenciés ou même
maitrisards et ont optés pour ce métier. Il faut les respecter. Il y va de la
crédibilité du patrimoine de Saint-Louis. Autant l’Etat se bat actuellement
pour préserver l’histoire architecturale dans le cadre du PSMV, il doit en ètre
de même pour le patrimoine immatériel via certains discours de certains
soi-disant guides. Certains touristes ont choisi aujourd’hui de revenir et
rester définitivement à Saint-Louis pour y vivre à cause simplement du discours
des vrais guides touristiques qui leur
ont fait une bonne visite du patrimoine.
ZTS :
Comment contacter les vrais guides touristiques à Saint-Louis ?
AD : Il y a le syndicat d’initiative. Les hotels et
autres agences de voyages ont aussi la liste des bons guides touristiques.
Mais, même là, il y a un problème avec les guides détenteurs de cartes et non
formés. Ce n’est pas facile pour le touriste qui débarque à Saint-Louis. Ils
n’ont véritablement pas de chance devant ce méli-mélo inextricable. Les
touristes sont régulièrement arnaqués et finissent par mettre une croix sur la
destination Saint-Louis.
ZTS :
Quel peut être un autre goulot d’étranglement
à l’exercice du métier de guide ?
AD : La circulation routière est un autre grand problème
pour le guide touristique qui emmène ses clients vers des excursions hors de la
ville. Ici à Saint-Louis, il y a deux à trois agences de voyage. C’est peu. En
période de rush, on est obligé de travailler avec des chauffeurs hors d’agence.
Et c’est là que les tracasseries commencent parce que souvent, les chauffeurs
sont embêtés par les gendarmes de la circulation pour défaut de pièce. On est bloqué pendant une heure ou deux. Les clients ne comprennent pas et bonjour les
problèmes.
Propos
recueillis par Gamby DIAGNE
Magazine ZONES TOURISTIQUES DU SENEGAL (ZTS)
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