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Troubles érectiles, lésions cancéreuses… Des pénis artificiels bientôt greffés sur l’homme


Des chercheurs californiens pourront greffer des pénis fabriqués en laboratoire d’ici cinq ans. Un espoir pour les hommes souffrant de lésions cancéreuses ou de malformations congénitales. 
 Cela fait 20 ans que les scientifiques
du Wake Forest Institute for Regenerative Medicine sont sur le coup. 20 ans de recherches minutieuses pour mettre au point un organe aussi complexe qu’utile : le pénis.C’est donc avec fierté que ces chercheurs ont annoncé, dans les pages du Guardian, les résultats concluants de leurs recherches. D’ici cinq ans, les pénis qu’ils ont fabriqués en laboratoire pourront être greffés sur l’être humain. Les premiers tests, effectués sur des lapins, sont « très encourageants ».8 lapins ont éjaculé, 4 ont procrééLe Wake Forest Institute for Regenerative Medicine est un des leaders de la médecine régénérative. En 1999, l’équipe de 300 chercheurs a été la première au monde à implanter avec succès sur un humain un organe créé en laboratoire - une vessie, en l’occurrence. Trente organes plus tard (reins, cœurs, urètres, vagins…), ils se sont attaqués au pénis.En 2008, les chercheurs ont ainsi greffé des pénis artificiels sur 12 lapins. « En présence de femelles, tous les lapins ont essayé de s'accoupler, huit ont réussi à éjaculer et quatre ont ensuite obtenu une progéniture », commente Antony Atala, chirurgien urologue, membre de l’équipe.« Imaginez le pénis comme un bâtiment… »Pour mettre au point un pénis fonctionnel, il faut aux chercheurs environ 6 semaines. La fabrication ne se fait pas ex nihilo, mais à partir de l’organe d’un donneur. Le pénis est d’abord vidé de toutes ses cellules. Puis, les scientifiques créent une structure en collagène, qu’ils ensemencent avec du tissu musculaire et des cellules issus du bénéficiaire de la greffe.James Woo, l’un des membres de l'équipe, détaille l'opération à l’aide d’une métaphore : « Imaginez cela comme s'il s'agissait d'un bâtiment. Si vous enlevez les meubles et les gens, il reste toujours la structure principale du bâtiment. Ensuite, vous remplacez les anciens locataires par de nouveaux. C'est l'idée. Sauf que le bâtiment est un pénis, et les habitants des cellules. »Limiter l’impact psychologiqueL’opération présente plusieurs avantages. D’abord, selon les chercheurs, elle limiterait considérablement les risques de rejets et d’incompatibilité, grâce à l’utilisation des cellules du porteur. Ensuite, elle permet de mettre au point des pénis véritablement fonctionnels. De fait, lors des traditionnelles opérations de changement de sexe (de femme à homme), le nouvel organe, obtenu à partir de la peau du greffé (de l’avant bras, par exemple), ne permet pas d’avoir d’érection et encore moins de procréer.Enfin, cette technique permettrait de limiter les difficultés psychologiques post-opératoires. En effet, la première greffe de pénis, effectuée en Chine en 2005 à partir du membre d’un donneur, s’est révélée être un échec. Deux semaines après l’opération, le greffé a demandé à ce qu’on lui retire son nouveau pénis, évoquant de « graves problèmes psychologiques avec sa femme ». De fait, les allogreffes peuvent impliquer des traumatismes, provoqués par le fait de voir la main, le pied, ou le pénis d’un mort sur son propre corps. Ici, même si l’organe est construit à partir de celui d’un donneur, sa constitution est moins étrangère au greffé.Organes artificiels : le futur de la chirurgie régénératrice ?Il ne manque plus que le feu vert des autorités sanitaires américaines pour pouvoir commencer les essais sur l'homme. « Nous devons fournir toutes les données sur la sécurité, prouver que les matériaux ne sont pas toxiques. Nous devons aussi expliquer le processus de fabrication, étape par étape», explique Antony Atala.Ces nouvelles greffes pourront concerner des personnes souffrant de mutilations, de lésions cancéreuses, de déformations ou de troubles érectiles. Mais celles qui souhaitent changer de sexe sont exclues de la procédure, les cellules du futur greffé étant nécessaires à la reconstruction de l’organe.Selon The Guardian, les travaux de l'équipe d'Anthony Atala s'inscrivent dans une réflexion plus large, sur « l'absolue nécessité » de générer artificiellement des organes pour pallier la pénurie de dons.
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