L'état
d’urgence, dit-on, permettra à l’armée de remplir correctement sa
mission : celle d’éradiquer le phénomène de Boko Haram dans cette
région. Il accordera des pouvoirs supplémentaires aux forces sur le
terrain. Il permettra aussi des perquisitions de domiciles de jours
comme de nuit. Jusqu'alors, le groupe terroriste a mené des attaques
directe en tirant des obus, mais a également utilisé des kamikaze
infiltrés en ville, côté nigérien.
En rencontrant la presse mardi après-midi, le Premier ministre Brigi
Rafini a déclaré que ce sont de jeunes Nigériens qui ont séjourné dans
les camps d’entraînement de Boko Haram et qui sont revenus attaquer leur propre pays.
La
jeunesse de Diffa est en train de s’organiser, a-t-il ajouté, pour
dénoncer tous les éléments de Boko Haram. Dans les quartiers, plusieurs
interpellations ont d’ailleurs eu lieu mardi. En dehors du couvre-feu
déjà opérationnel, les autorités régionales ont interdit toute
circulation d’engins à deux roues. Presque tous les kamikazes utilisent
ces motos pour perpétrer leurs attentats. Deux d’entre eux ont été tués
mardi par les forces armées nigériennes dans la ville de Diffa.
« L’affrontement direct nous effraie moins »
Un
homme qui escaladait le mur de la garnison de Diffa a été abattu par
des soldats. Les forces de sécurité sont en alerte : elles confirment
que deux attentats kamikazes ont secoué Diffa, dimanche et lundi. « Notre
plus grand souci, c’est l’attentat, il est difficile de le prévenir. On
ne connaît pas à l’avance les objectifs, l’affrontement direct nous
effraie moins », a confié à RFI une source militaire à Diffa.
Les
contrôles des véhicules à l’entrée de la ville sont renforcés, les
coffres des voitures sont inspectés. Les soldats recherchent en
particulier des explosifs. « Les villageois coopèrent plus qu’avant
et nous donnent des renseignements maintenant qu’ils voient comment la
menace se manifeste concrètement », a affirmé une autre source
policière. Le gouverneur de Diffa a néanmoins encouragé la population à
dénoncer les assaillants qui se cachent dans des maisons. Les suspects
arrêtés sont transférés à Niamey. Le grand marché du mardi a été annulé
hier à la demande des commerçants, dans une ville de Diffa qui se vide progressivement de sa population.
Mais
que la population de Diffa se rassure, a indiqué pour sa part le
ministre de l’Intérieur. Selon Hassoumi Massaoudou, Boko Haram ne
prendra aucune ville du Niger. Pour soulager les soldats au front depuis
plusieurs mois, le gouvernement vient de doubler leur indemnité de
sujétion de 1 500 francs CFA par jour et monte donc à 3 000 francs pour
toute la période de mobilisation.
5 000 hommes du côté de la coalition
L'armée
nigérienne s'est déployée, aux côtés de l'armée tchadienne (image ci-dessus). Elle opère
depuis le camp de la zone de défense 5. Côté nigérien les effectifs
militaires sont estimés à 3 000 hommes. Les Tchadiens auraient quant à
eux envoyés 2 000 hommes. En Face, côté Nigérian, Boko Haram pourrait
aligner 5 à 700 hommes, d'après des sources locales.
Les forces armées nigériennes (FAN) ont également déployé leur artillerie.
Certains
éléments des FAN avaient participé aux opérations dans le nord du Mali,
et disposent donc d'une expérience au combat. Mais les hommes de Boko
Haram, sont également aguerris, et manoeuvrent de manière efficace comme
l'ont prouvé les récents combats à Fotokol côté camerounais. Au fil des
attaques, les miliciens de Boko Haram ont récupéré des pièces
d'artillerie, des blindés, et des pick-up, armés de mitrailleuses et
parfois de bi-tube de 23 mm. Bien assez pour abattre un aéronef.
Les Tchadiens ont déployé leurs hélicoptères Mil-mi 24, les Nigériens, au moins un exemplaire. Le Niger a également acquis 2 Sukhoi 25, des bombardiers qui ont été vus en vols récemment à Niamey. L'armée de l'air française n'est pas loin au Tchad, mais également dans la capitale nigérienne avec des chasseurs bombardiers, des ravitailleurs et des drones. Si elle est capable de mener des tirs d'appuis à Niger, elle n'a pas été sollicitée à ce jour. Officiellement, la participation de l'armée française se limite aux renseignements et à l'aide à la coordination.
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