Est-ce qu’un changement de mode de vie peut suffire à contrôler une HTA ?
Un changement de mode de vie ne peut que de façon exceptionnelle
suffire à contrôler une HTA. C’est possible seulement si les chiffres
tensionnels sont à la limite supérieure de la normale ou dépassent très
légèrement la normale, et d’autre part si le changement de mode de vie
est extrêmement important : peu d’alcool et de sel, activité physique
très régulière…
Il ne faut pas voir le traitement médicamenteux comme une sanction
parce que ce traitement a démontré maintenant depuis 50 ans sa capacité à rallonger l’espérance de vie et à faire vieillir en bonne santé : le
niveau de certitude acquis avec ces médicaments de la tension n’a
jamais été atteint dans une autre pathologie. En revanche, le changement
de mode de vie va être intéressant pour ralentir la survenue d’une
hypertension chez un sujet pas encore hypertendu, mais dont on est
capable de détecter le risque de le devenir.
Le sujet à risque d’HTA est celui dont les parents sont hypertendus,
celui qui a une tension à la limite supérieure de la normale, qui se
sédentarise, qui a pris trois kilos au cours de la dernière année, qui a
arrêté une activité physique… Dans ce contexte, le risque de devenir
hypertendu dans les cinq ans est extrêmement important et les règles
d’hygiène et de vie vont être particulièrement efficaces pour ralentir
l’entrée dans la maladie. Mais il n’est jamais trop tard pour bien
faire : quand l’HTA est là, il faut savoir que ces règles d’hygiène de
vie potentialise l’efficacité du traitement médicamenteux.
Comment évolue l’HTA, s’aggrave-t-elle avec le temps ?
Plusieurs modes évolutifs sont possibles, directement liés à la
capacité de ralentir ou d’accélérer le vieillissement des artères.
Certaines hypertensions apparues tôt dans la vie vont être parfaitement
contrôlées par un traitement et garder le même niveau de pression
pendant 40 ans. A l’inverse, des hypertensions déclarées plus
tardivement peuvent continuer à s’aggraver. Par exemple, chez un
diabétique très mal contrôlé, le diabète va rigidifier et faire vieillir
prématurément les artères, l’hypertension deviendra donc de plus en
plus difficile à contrôler. D’où l’intérêt de ce que l’on appelle une prise en charge globale,
c’est à dire que le médecin va s’intéresser certes à la tension, mais
aussi à tous les autres facteurs qui vont contribuer à l’état des
artères.
Quand doit-on vérifier sa tension artérielle et à quelle périodicité ?
Tout dépend du stade de la maladie. A l’instauration du traitement,
le contrôle de la tension artérielle, que ce soit à la maison par
automesure ou chez le médecin, sera très fréquent : tous les mois en moyenne, pendant 6 mois,jusqu’à
normalisation de la TA. Une fois la pression artérielle normalisée, les
visites mensuelles vont s’espacer et le besoin de contrôler la tension à
domicile sera moins fréquent. Toute modification thérapeutique doit
être évaluée trois semaines à un mois après le changement. Il faut
également être plus vigilant si les niveaux de pression sont élevés ou
s’il y a des complications.
Chaque automesure se fait selon la règle des trois :
trois mesures consécutives, matin et soir, trois jours de suite. Ces
mesures à domicile permettent d’espacer les consultations. Aujourd’hui,
la télémédecine et les moyens de communication modernes permettent à un
hypertendu qui se surveille d’éviter d’aller tous les mois chez son
médecin traitant pour le contrôle de sa tension et le renouvellement de
son ordonnance.
Quelle est la fréquence des visites chez le médecin ?
Tout dépend du moment. Au début, tant que la tension n’est pas
normalisée, elles sont mensuelles. Ensuite, elles peuvent être plus
espacées, c’est-à-dire trimestrielles, semestrielles, voire même annuelles, si la tension est parfaitement contrôlée et vérifiée à la maison entre deux visites.
Peut-on prévoir l’évolution de la maladie ?
Non, c’est assez difficile. Statistiquement, un hypertendu âgé de 55
ans, qui refuse de se soigner, raccourcit son espérance de vie de 7 ans
et vit deux années avec des handicaps.Cette statistique globale cache
des diversités : certains seront normalisés très longtemps et n’auront
pas de complication de leur hypertension ; d’autres, moins nombreux
statistiquement, feront une complication malgré un traitement bien
conduit. D’autres encore vont se présenter avec des formes très graves
d’emblée et seront parfaitement contrôlés par la suite grâce au
traitement.
Il est bien admis aujourd’hui que les individus dont la
tension est normalisée grâce aux médicaments, mais aussi grâce à une
bonne règle d’hygiène de vie, vivent plus vieux et font moins de complications que les individus dont la tension n’est pas normalisée.
Quelles complications peuvent survenir ?
Les complications peuvent être aiguës ou chroniques. Les complications aiguës sont rares, mais elles parfois brutales et dramatiques : c’est l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde, la dissection de l’aorte. Elles sont plus fréquentes chez les hypertendus non ou mal contrôlés.
Les complications chroniques, survenant à bas bruit, le plus souvent quand l’HTA est mal contrôlée sont :
- l’insuffisance rénale avec dégradation progressive des reins,
- l’insuffisance cardiaque,
- la démence : l’oblitération chronique des artérioles du cerveau va
provoquer de petites défaillances, des infarctus au niveau de la
substance blanche qui vont, par leur multiplicité, entraîner des
démences.
L’HTA, peut-elle provoquer une cécité ?
C’est exceptionnel. Une cécité peut survenir dans certains types
d’hypertension artérielle, comme la forme maligne, ou par atteinte du
nerf optique, mais c’est vraiment très rare. En revanche, le diabète peut entraîner des cécités par d’autres mécanismes.
L’HTA peut-elle atteindre le rein au point de nécessiter une dialyse rénale ?
Oui, l’hypertension artérielle, comme le diabète, sont les principaux facteurs d’insuffisance rénale terminale avec comme conséquence soit la dialyse pour la majorité d’entre eux, soit la greffe rénale.
L’HTA peut-elle entraîner une démence ?
Oui, et c’est un fait très méconnu des malades pour lesquels la
démence est considérée comme une fatalité. On sait aujourd’hui que la
seule prévention des démences vasculaires et de la maladie d’Alzheimer
est d’avoir une pression artérielle la plus normale possible
vers l’âge de 50 ans. C’est un très bon argument, souvent utilisé par
les médecins, pour convaincre des hypertendus qui ne ressentent aucun
symptôme de prendre un traitement parfois pourvoyeur d’effets
indésirables.
L’HTA peut-elle entraîner un accident vasculaire cérébral ?
Est-ce l’HTA systolique ou diastolique qui entraîne le plus de complications ?
Cette question a effectivement intéressé beaucoup de médecins dans
les années 80. Historiquement, on pensait que l’hypertension était
simplement basée sur le deuxième chiffre, c’est à dire la diastolique.
On sait aujourd’hui que les deux chiffres sont péjoratifs, qu’ils
soient tous les deux élevés conjointement ou isolément. Chez le sujet
âgé, en particulier après 55 ans, l’élévation du premier chiffre,
c’est-à-dire de la systolique, est plus grave et plus péjorative que
l’élévation du second, puisque celui-ci est souvent normal étant donné
qu’il baisse après 55 ans.
Donc, il ne faut surtout pas garder à l’esprit de vieilles idées comme par exemple : à 60 ans, il faut avoir 160, et à 70 ans 170 ! Faire baisser ces chiffres à cet âge est tout aussi bénéfique qu’à des âges moins avancés.
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