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TRANSPORT URBAIN

Morosité économique à la frontière Rosso (Sénégal/Mauritanie)

IMAGE LASIGNARE.COM
Ville frontalière avec sa jumelle mauritanienne, Rosso Sénégal se positionne comme une importante plateforme commerciale. Naguère bouillonnante, commerçante, besogneuse, aujourd’hui, la cité à l’entrée du Walo est frappée de morosité économique à cause du durcissement des mesures d’accès imposées par les autorités mauritaniennes dans le cadre de la prévention de la fièvre d’Ebola.Rosso-Sénégal. Il est 10 heures. Le temps est légèrement couvert. Une brise souffle dans le sens Est-Ouest et adoucit le climat. La ville semble plongée dans une torpeur qui ne dit pas son nom. Au centre des conversations et dans tous les esprits, c’est le durcissement des mesures d’accès en Mauritanie qui reviennent sans cesse. De fait, les mesures de prévention prises par les autorités mauritaniennes afin de lutter contre l'entrée de la fièvre d'Ebola en Mauritanie, en plus de resserrer les contrôles sur les passagers prenant pied sur l'autre rive, plombent considérablement l'essor économique et social de Rosso Sénégal. La ville frontalière qui était pareille à une fourmilière, un marché à ciel ouvert, vit actuellement à un rythme ralenti. Les taxi-clandos, les motos taxis djakarta et les pirogues attendent en vain des clients. Dans la rue principale, ce n'est plus l'activité débordante. Au contraire, des marchands ambulants viennent proposer leur marchandise à des prix cassés. Les restauratrices se plaignent de la baisse de leur chiffre d'affaire, tout comme les commerçants. Les marchands aussi.Actuellement, pour traverser la frontière, il faut passer par un double rideau composé d'agents d'hygiène et de gendarmes en faction qui viennent composer le dispositif mis en place par la police des frontières.De l'autre côté, les dispositions prises par les autorités mauritaniennes sont tout aussi drastiques car il faut montrer " patte blanche", avant de fouler le sol. C'est une véritable léthargie qui s'est emparée de la ville qui vivait par et pour le commerce transfrontalier. Dès le point du jour, les véhicules de toutes sortes déversaient leur cargaison de passagers venant de toutes les régions du Sénégal, qui allaient faire leur marché en Mauritanie où ils trouvaient toutes sortes de marchandises et à des prix défiant toute concurrence provenant du Maroc, d'Algérie, d'Espagne, de Chine et d'Europe du Sud. Ces commerçants, après leurs emplettes, s'acquittaient de frais de douane, modiques, ce qui leur permettait de faire des bénéfices considérables à l'écoulement de leurs marchandises.Trafic fluvial en pointilléCe sont les piroguiers, représentant la flottille de 250 embarcations ayant pour port d’attache Rosso-Sénégal qui se plaignent le plus car leur trafic est passé de huit (8) à dix (10) aller-retour à un (1) ou deux (2) voyages ; donc un trafic fluvial en pointillé.Selon Modou Mar, ce qui leur reste comme travail, c’est d’assurer le transport des domestiques, des commerçants, des cultivateurs et de restauratrices qui traversent chaque jour le fleuve pour aller exercer leur talent en terre mauritanienne. « Comme ces gens ne sont pas très nombreux, il y a parmi nous des piroguiers qui peuvent rester deux jours sans travailler, faute de clients. La situation est aggravée par Ebola. Il faut noter que ce n’est pas par peur de la maladie que les gens ne viennent pas, mais c’est plutôt à cause des lenteurs et formalités draconiennes car les contrôles prennent beaucoup de temps et même le bac commence souvent à faire sa rotation à partir de dix (10) heures ».Amadou Diaw un de ses collègues ne dit pas autre chose et dans l’attente d’un hypothétique client qu’ils sont obligés de rabattre, ils devisent tranquillement face à Rosso-Mauritanie…Absence d’embouteillageSur le bas-côté de la route principale, dorsale, naguère toujours embouteillée, des camions gros porteurs de couleur blanche immatriculés au Maroc, attendent leur tour de franchir le fleuve sur le bag.Derrière eux, sur le trottoir, des commerçants devisent n’ayant rien à faire. Ils fulminent et pestent contre Ebola et les mesures qui ralentissent les affaires. « A mon avis, on en fait un peu trop, car la maladie s’était déclarée en haute Guinée, du côté de la Côte d’Ivoire et d’autre part, le pic a été contenu et la maladie sous contrôle au point que le Sénégal a rouvert sa frontière avec la Guinée, donc on ne comprend pas pourquoi les autorités mauritaniennes maintiennent le durcissement des mesures de contrôle », souligne Samba Ndiaye. Tous ses compagnons acquiescent et lui donnent raison. Fanta Sarr est restauratrice. En période normale, elle cuisinait chaque jour un sac de riz de 25 kg. « Aujourd’hui, même quand je prépare cinq (5) kilos de riz, j’ai des méventes parce que les clients ne viennent plus alors que lorsque les choses étaient normales, beaucoup de clients réservaient leur plat du lendemain ».Les piroguiers oisifs deviennent kamikazesFace aux difficultés qui obscurcissent leur horizon, de nombreux piroguiers sont devenus des touche-à-tout. Certains se sont reconvertis en véritables intermédiaires, ouvriers et coursiers et se rendent en Mauritanie pour acheter la marchandise à la place des commerçants qui ont la phobie de l’eau, moyennant un tarif très souple. Justement, certains d’entre eux se sont spécialisés dans le transport des marchandises prohibées qu’ils font entrer au crépuscule sur le territoire national. A cause des risques que comporte cette activité, ils taxent les commerçants au prix fort.Il y a aussi les cambistes qui ont vu péricliter leurs affaires avec la diminution du trafic de passagers qui impactent négativement sur leurs affaires quotidiennes. De nos jours, ils scrutent les visages et se portent au-devant de toute personne qui se dirige vers la zone d’embarquement du bag.Affaires en berne pour les cambistesA la frontière, où ont cours deux unités monétaires, la zone de la Communauté financière Africaine (CFA) et celle de l’Uguya mauritanienne (Um), le trafic de devises est une des activités les plus rentables. Ici, les cambistes dictent leur loi et fixent leur cours qui est différent de l’officiel. Fin psychologues, les cambistes tirent meilleure partie en monnayant l’Uguya auprès des commerçants sénégalais qui reviennent de la Mauritanie. A cette occasion, ils baissent considérablement le cours du change sachant que les banabanas vont accepter ne pouvant dépenser cette monnaie au Sénégal.Ce business est tenu par les Soninkés, les Haalpulars et parfois quelques étrangers, qui constituent un maillon important du système. Ne pouvant pas mener cette activité, prohibée, au grand jour, ils opèrent sous le manteau. Du franc CFA à l’euro en passant par l’UM et quelquefois même le Dollar, ces monnayeurs échangent des devises en prélevant des commissions, parfois même exorbitantes. L’euro, qui est aujourd’hui la monnaie la plus prisée, s’échange officiellement contre 655 francs CFA. Mais, à la frontière, il s’achète à 700 voire 720 FCFA et se vend à 630 voire 640 FCFA.Autre signe visible de la morosité économique qui s’est emparée de Rosso Mauritanie, c’est la fréquentation du bureau des douanes où le passage est devenu très fluide. Ce n’est plus la bousculade pour les banabanas qui jouaient des coudes en voulant dédouaner leurs marchandises rapidement pour gagner du temps afin de regagner leur lieu d’origine. En l’absence de toute évaluation financière précise, on peut dire sans risque de se tromper, que la ville de Rosso ressent durement cette application rigoureuse des mesures de prévention de la fièvre d’Ebola instaurées par les autorités mauritaniennes. Notons enfin que tous points de passage secondaires sur la frontière sont fermés jusqu’à Bakel. Les deux seules voies d’accès restent Rosso-Sénégal et Diama.
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