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Hypertension artérielle (HTA) (suite): La maladie

Qu’est-ce que la tension artérielle ?
La tension artérielle (TA), communément appelée pression artérielle par les médecins, est la pression avec laquelle le sang est véhiculé dans les artères. Elle se définit par deux chiffres car la pression est pulsatile. Elle est générée par la contraction et la relaxation du cœur. La pression est maximale au moment où le cœur se contracte et que le sang est éjecté dans les artères, c’est ce que l’on appelle la pression systolique. La pression est minimale au moment où le cœur est complètement relaxé, c’est la pression diastolique.
Dans les chiffres de l’hypertension artérielle, est-ce le premier chiffre qui compte ?
Le premier chiffre correspond à la pression systolique et le deuxième à la pression diastolique. L’hypertension artérielle, c’est-à-dire l’excès de pression dans les artères, se définit par des valeurs de pression artérielle qui dépassent en permanence et au repos 140 mm de mercure pour le premier chiffre ou 90 mm de mercure pour le 2ème chiffre. On transforme souvent ces données en cm de mercure, c’est pourquoi les médecins parlent de 14/9. Il suffit d’avoir une anomalie de l’un des deux chiffres pour être hypertendu. On est hypertendu systolique, si le premier chiffre seulement est anormal, ou diastolique si c’est le deuxième qui est trop élevé. Si les deux chiffres sont élevés, les médecins parlent d’hypertension systolo-diastolique.
Quels sont les différents types d’HTA ?
L’hypertension artérielle (HTA) la plus commune est une maladie qui s’exprime chez un patient par des chiffres tensionnels élevés au repos. L’HTA peut être d’emblée sévère, c’est-à-dire avec des chiffres extrêmement élevés, au-dessus de 180 mm Hg pour la systolique et de 110 pour la diastolique. Elle expose à un risque immédiat d’une complication liée à un excès de pression, comme par exemple un accident vasculaire cérébral (AVC).
Mais on peut avoir aussi une forme sévère d’hypertension avec des valeurs moins fortes, si les chiffres tensionnels sont associés à des signes de complications, à des maladies, comme par exemple le diabète ou à un antécédent d’AVC. Elément important à souligner, la sévérité peut survenir au cours de l’évolution de la maladie. Ce n’est pas parce que l’HTA est modérée ou sévère à un moment donné qu’elle va le rester toute la vie. La gravité de l’hypertension peut évoluer dans un sens comme dans l’autre au cours du suivi.
Il existe également d’autres types d’hypertension artérielle. L’hypertension maligne est une forme devenue très rare, qui existait surtout lorsqu’il n’y avait pas de médicaments pour l’hypertension. L’HTA maligne est une véritable urgence hypertensive. Elle se caractérise par des chiffres tensionnels élevés, le plus souvent au dessus de 180/110, associé à une souffrance d’un des organes vitaux, comme le cerveau, le rein ou le cœur, et souvent elle se traduit par des anomalies du fond d’œil car les artères de la rétine sont un très beau miroir de la souffrance des petits vaisseaux de l’organisme. Cette forme d’hypertension nécessite une prise en charge urgente en milieu hospitalier.
L’hypertension artérielle essentielle est celle de monsieur et madame tout le monde. C’est l’hypertension qui n’est sous-tendue par aucune cause, hormonale en particulier. Cette hypertension concerne 25 % de la population mondiale et 11 à 12 millions d’hypertendus prennent des médicaments tous les jours.
L’hypertension artérielle labile, est une forme d’hypertension qu’on a appelé également limite, car ce sont des gens qui naviguent autour des valeurs normales de la pression artérielle, ou qui présentent de grandes variations de la tension. Ces patients posent un vrai problème diagnostique et thérapeutique, car au moment de l’adaptation des traitements on ne sait pas trop à quelle pression se fier. Chez ces patients, la mesure de la tension en dehors du cabinet médical est pertinente, puisqu’elle s’affranchit de cette part émotionnelle qui explique en grande partie les variations de pression, en particulier à la hausse.
Comment devient-on hypertendu ?
On ne devient pas hypertendu du jour au lendemain. Les chiffres tensionnels, en particulier le premier chiffre, augmentent progressivement en vieillissant. Et si on observe autant d’hypertendus aujourd’hui, c’est parce qu’on vit de plus en plus longtemps, et qu’on donne le temps à ces chiffres tensionnels de dépasser la barre fatidique de 14.
L’HTA apparaît généralement progressivement. Mais elle peut se développer plus rapidement, soit en cas de génétique défavorable (parents hypertendus) et surtout d’environnement défavorable. Tout ce qui va faire vieillir les artères plus vite va contribuer à élever plus rapidement la pression systolique.
Les facteurs qui font vieillir les artères sont la consommation importante de sel, la sédentarisation avec sa conséquence sur la prise de poids. Et puis tous les facteurs qui vont altérer directement les artères, comme le tabagisme, le diabète et le cholestérol. Ce sont les mêmes facteurs délétères que pour les maladies cardiovasculaires. Les conseils « mieux bouger, mieux manger » ont un impact extrêmement important, pas seulement chez les hypertendus avérés, mais aussi pour prévenir l’HTA.
Pourquoi l’HTA est-elle nocive ? Quelles sont les conséquences sur l’organisme ?
L’élévation chronique de la pression artérielle induit une adaptation des artères, bénéfique à court terme. Si l’excès de pression n’était pas compensé par un épaississement des petites artères, celles-ci auraient tendance à se déchirer, ce qui provoquerait des hémorragies. Donc en cas d’hypertension, les artérioles s’épaississent et rétrécissent leur lumière. Si on ne fait rien, dans les cas extrêmes, cette rigidification de tout le système artériel entraîne une mauvaise perfusion de tous les organes du corps (le cerveau, le cœur, les reins…). Au repos, en l’absence de sollicitations, notre réserve est suffisante pour qu’aucun symptôme n’apparaisse malgré les rétrécissements. Mais si l’hypertension est totalement négligée, au fil du temps, des symptômes peuvent apparaître lors de sollicitations importantes de ces organes, comme par exemple an niveau du cœur , peuvent apparaître des douleurs dans la poitrine c’est à dire, un angor d’effort et à un stade ultérieur, un infarctus du myocarde.
Dans des cas extrêmes, en dehors de tout effort, cela peut conduire à des complications, comme l’insuffisance rénale, puisqu’on aura détruit toutes les petites artérioles du rein, ou encore comme l’accident vasculaire cérébral, une petite artériole bouchée n’irriguant plus une partie du cerveau. De façon plus globale, toujours au niveau du cerveau, des défaillances peuvent survenir comme les démences. L’HTA est le principal facteur de risque des démences. Toutes ces complications réduisent la durée et la qualité de vie des personnes âgées.
Peut-on mourir d’une poussée de tension artérielle ?
En absence de traitement, on peut effectivement mourir d’une poussée de tension artérielle. Les décès peuvent être de deux origines : les AVC, essentiellement hémorragiques, car la poussée de tension va entraîner une déchirure des petites artères qui ne sont pas capables de résister à cet excès de pression. Deuxième cause : la dissection, c’est-à-dire la rupture de la paroi d’artères de plus gros calibre, comme l’aorte. Ces évènements sont provoqués par un excès chronique de pression.
Par contre, il faut rarement s’inquiéter chez des personnes présentant des poussées transitoires de tension à l’occasion d’un stress, d’une douleur, ou d’une maladie à condition que leur tension soit normale en dehors de ces évènements.
Quelles sont les causes de l’hypertension ?
90 % des hypertendus n’ont pas de cause spécifique, si ce n’est un vieillissement progressif des artères, plus ou moins rapide selon la génétique et le comportement de vie (consommation de sel, sédentarisation, surpoids).
Dans 20 % des cas, on observe des causes authentiques d’hypertension, le plus souvent des causes hormonales bénignes. Un excès de sécrétion d’hormone, l’aldostérone, provenant généralement des glandes surrénales, entraîne une rétention d’eau et de sel et provoque une hypertension.
Des maladies rénales peuvent également entraîner une hypertension artérielle.
Dans certains cas, si la cause est traitée, l’hypertension peut être guérie. Il faut être particulièrement vigilant chez les sujets jeunes, chez les personnes qui ne sont pas en surpoids, et s’il y a des signes évocateurs à la prise de sang comme une modification du potassium.
Enfin, il existe certaines causes rares médicamenteuses. La pilule œstro-progestative peut provoquer une hypertension, réversible à l’arrêt de la pilule, en particulier les pilules de 1ère génération contenant des œstrogènes. Les femmes doivent recevoir des conseils afin de ne pas combiner la pilule avec d’autres facteurs de risque, comme le tabagisme, le cholestérol ou le surpoids.
Qui est atteint d’hypertension artérielle ?
L’HTA est en nombre de personnes atteintes, la première maladie au monde. Elle touche plus d’un milliard de personnes, soit 25 à 30 % de la population adulte, un chiffre devrait atteindre 1 milliard 250 millions en 2025. Cette augmentation s’explique par l’allongement de l’espérance de vie et par l’épidémie d’obésité, qui fait entrer de plus en plus vite de jeunes hypertendus dans la maladie.
En France, on compte 12 millions d’hypertendus traités et on estime que 2 millions de malades ne sont pas dépistés. Cette prévalence est globalement la même dans les pays développés et dans les pays en voie de développement.
L’HTA est plus fréquente chez les enfants d’hypertendus. Elle est aussi plus fréquente chez les hommes d’âge moyen que chez les femmes, sauf après la ménopause, car elles ne sont plus protégées par les hormones naturelles. Ce dogme est remis en question ces derniers temps, car les femmes ont adopté les mauvais comportements des hommes : elles fument de plus en plus et, entre 30 et 40 ans, sont plus souvent en surpoids qu’il y a 20 ans.
Autre comportement à risque, une consommation excessive en sel. L’alcool, par son apport calorique, favorise l’élévation des chiffres tensionnels. Le tabagisme agit sur le vieillissement prématuré des artères, ce qui entraîne une élévation plus rapide de la pression systolique avec l’âge.
L’hypertension artérielle est-elle liée au stress, à la nervosité ?
Penser que le stress est à l’origine d’une hypertension, est une fausse idée. Cependant, le stress physique ou psychique, entraîne des élévations ponctuelles de la pression artérielle. Ce sont des réactions d’adaptation qui permettent de mieux perfuser transitoirement le cerveau et les muscles. Cependant aussi, le stress professionnel, comme un emploi contraignant avec une faible latitude de décision, peut provoquer une HTA. Cette situation professionnelle engendre des comportements pouvant eux induire une HTA, comme fumer ou avoir une mauvaise alimentation. Au total, le stress professionnel a été associé à une plus grande incidence de l’hypertension artérielle, par des liens directs ou indirects. En revanche, HTA et profil «  nerveux » sont deux choses différentes. La tension nerveuse peut induire un stress aigu et perturber transitoirement le niveau tensionnel. L’hypertension est un excès chronique de pression dans les artères.
La tension artérielle augmente-t-elle avec l’âge  ?
Oui et l’âge moyen des hypertendus est de 62 ans. L’hypertension artérielle survient plus naturellement à partir de la cinquantaine. Les deux chiffres de la tension n’évoluent pas de manière identique en vieillissant. Alors que la pression systolique augmente progressivement et accélère sa progression après 55 ans, la pression diastolique augmente progressivement jusqu’à 55 ans et va plutôt atteindre un plateau, voire diminuer naturellement en vieillissant, une diminution due au vieillissement des artères ? C’est pourquoi les sujets âgés ont plutôt 16/8 et les sujets jeunes ont plutôt 15/10. La différence de pression exprime l’amplitude du vieillissement artériel, puisque le vieillissement artériel accéléré induit une élévation d’autant plus importante du premier chiffre et une diminution d’autant plus importante du second chiffre. Donc la différentielle est vraiment l’expression d’une maladie des artères, c’est ce qu’on appelle la pression différentielle ou la pression pulsée. Elle intéresse énormément les chercheurs car elle est un très bon marqueur de l’état des artères.
Quel problème pose l’HTA de la femme enceinte ?
L’HTA apparaît pendant la grossesse :
L’HTA de la femme enceinte est de plus en plus fréquente. C’est une hypertension qui ne survient que pendant la grossesse. Ce phénomène, longtemps resté mystérieux, s’explique par une mauvaise communication entre le placenta et la mère. Le placenta a pour mission de favoriser une bonne croissance du fœtus, il est donc très bien irrigué et détecte tout mauvais signal d’irrigation. Dans certaines situations, le placenta donne l’impression d’être mal irrigué et va donc entraîner une élévation de la pression artérielle chez la mère pour que son irrigation s’améliore. A noter que l’essentiel des médicaments contre l’hypertension n’ont pas été testés chez la femme enceinte, ce qui oblige de se limiter à des produits anciens.
L’hypertension chez la femme enceinte pose parfois un problème d’urgence vitale, en particulier au cours du 3ème trimestre de la grossesse. Il faut alors déclencher en urgence l’accouchement pour normaliser rapidement les chiffres tensionnels, car l’excès de tension peut être nocif pour la mère, mais aussi pour le fœtus allant jusqu’à sa perte. Cette hypertension disparaît après.
L’HTA est présente avant la grossesse :
Chez les femmes hypertendues qui souhaitent avoir un enfant, il faut arrêter les traitements habituels, car ils sont parfois associés à des risques de malformation. Le plus souvent, parce que la pression artérielle baisse spontanément chez elles, une simple surveillance suffit, sans besoin de donner des médicaments. Cependant, si un traitement est nécessaire, deux ou trois types de médicaments dont on connaît l’innocuité surtout pour l’embryon permettent de gérer ces grossesses sans problème.
Quel problème pose l’HTA du cardiaque ?
Les maladies cardiaques les plus fréquentes sont de trois types : l’infarctus, l’insuffisance cardiaque, et les troubles du rythme, comme la fibrillation auriculaire. L’hypertension est en théorie un facteur de risque de ces maladies et généralement elle les précède. Le cardiaque a donc souvent déjà une prescription d’antihypertenseur.
La survenue d’une complication cardiaque chez un hypertendu va justifier une modification de ce traitement. Parmi les 7 classes majeures disponibles pour soigner l’HTA, certaines classes sont particulièrement indiquées en cas de maladie cardiaque, d’autres ne le sont pas.
Chaque pathologie cardiaque va imposer un certain type de traitement, avec des médicaments qui ont une double indication, hypertension et maladie cardiaque. Par exemple, si le patient a déjà fait un infarctus, le traitement imposé sera les bêtabloquants et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion. Si l’HTA persiste malgré ces deux classes thérapeutiques, le médecin devra rajouter un 3ème traitement. Il en est de même pour l’insuffisance cardiaque, ou la fibrillation auriculaire, qui bénéficient de des traitements antihypertenseurs particuliers. Le contrôle de la pression artérielle reste un objectif crucial pour éviter d’aggraver une maladie cardiaque.
Quel problème pose l’HTA chez les personnes malades des reins ?
L’insuffisance rénale est une complication grave de l’hypertension, mais également du diabète. Une fois l’insuffisance rénale détectée, tout est fait pour ralentir son aggravation afin d’éviter l’évolution vers la dialyse. Le traitement de l’HTA va être un des piliers du traitement préventif de la dégradation des reins. Il est préférable de confier le suivi d’un hypertendu insuffisant rénal au spécialiste du rein qui a l’habitude de jongler avec les posologies et les types de médicaments.
Entre des mains inexpérimentées, ces traitements peuvent aboutir à des accidents, alors qu’entre des mains expertes, ils deviennent un des piliers pour éviter l’aggravation de la fonction rénale.
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