Feu Oumane Masseck Ndiaye est de retour sur la scène politique, ressuscité par ses anciens amis qui se querellent autour de sa personne. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Pourquoi le défunt ne parvient-il toujours pas à se reposer ?
Cela m’inspire du dépit. Je pense que feu Masseck Ndiaye a fait ce qu’il devait faire et l’a bien fait. Aujourd’hui, les autoproclamés héritiers doivent essayer de faire autant ou mieux au lieu de s’agripper à sa mémoire.
Quel sentiment vous anime en tant que proche de Masseck Ndiaye, quand on sait son groupe est divisé, hérité par trois leaders politiques, Macky Sall, Ahmet Fall Braya et Mayoro Faye ?
Macky Sall ne fait pas partie du groupe. Quand quelqu’un vous combat de manière obsessionnelle, vous ne pouvez pas dire qu’il fait partie du groupe d’amis. Si Pape Diop revendiquait un quelconque héritage parce qu’ayant été l’un des derniers partenaires de Feu Masseck Ndiaye dans Bokk
Ses anciens amis justifient leur départ du Pds par la dernière volonté de Masseck Ndiaye qui serait de soutenir Macky Sall, car ils disent que l’ancien maire de Saint-Louis était prêt à s’allier avec le chef de l’État avant son décès...
Que voulez-vous que je dise. Je ne me rappelle pas lors de mes interminables discussions avec feu Ousmane Masseck Ndiaye que cette alliance fut évoquée. Il reste entendu que tout le monde sait que le Président Macky Sall fut et demeurera toujours un grand ami, un frère et un compagnon de feu Masseck Ndiaye. Cette alliance aurait pu être possible, mais aujourd’hui, on ne peut pas formellement l’insinuer.
Ils soutiennent aussi qu’il a été farouchement combattu par Braya qui lui avait pris un nombre important de voix lors des locales de 2009. Entre autres raisons, ils évoquent l’exclusion de Masseck du Pds, c’est pourquoi il avait rejoint le parti Bokk Guis Guis.
En 2009, la coalition «Sopi 2009», pilotée par Ousmane Masseck Ndiaye a perdu les municipales, probablement à cause de la liste portée par Mr Fall. Quand les militants sont divisés, le perdant ne peut être que le parti. Ce fut dommage, mais cela ne peut expliquer 5 ans plus tard, une transhumance. L’autre argument relatif à l’exclusion de feu Masseck Seck est tout aussi farfelu.
Le fait que ces responsables aient transhumé vers le régime en place. Cela peut-il faire couler davantage le Pds qui a déjà perdu de grandes figures depuis sa débâcle de 2012 ?
Malgré la perte de prétendues grandes figures, nous restons le seul parti d’opposition. Tous nos meetings sont systématiquement interdits par les préfets. Et à chaque fois qu’ils ne peuvent plus nous empêcher de nous regrouper comme lors du meeting organisé par le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) ou lors du retour de Me Wade, nous arrivons à mobiliser spontanément des milliers et des milliers de partisans et sympathisants. Pensez-vous
Malgré les sollicitations du pouvoir, vous réaffirmez votre ancrage au sein du PDS. Qu’est-ce qui vous retient dans ce parti ? Qu’avez-vous répondu à ceux qui se sont rapprochés de vous pour vous enrôler dans l’APR ?
Il faut que l’on cesse de croire qu’en dehors de la coalition au pouvoir, plus rien n’existe. Notre rôle est de reconquérir le pouvoir. Pour cela, il faut bien une opposition capable de mobiliser les énergies pour analyser, critiquer et proposer. Je pense que notre démocratie est encore jeune et c’est pourquoi la transhumance est devenue un métier. Aux USA, lorsque le parti républicain perd les élections, ses membres ne transhument pas avec bagages et force explications vers le parti démocratique ou inversement.
Actuellement, à quoi vous consacrez-vous politiquement ?
Nos partenaires de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung ont récemment élaboré un manuel dit de structuration d’un parti politique qui nous rappelle les fondamentaux vers lesquels nous devons toujours tendres si l’on souhaite peser politiquement sur l’échiquier national. J’ai fait miennes de ces idées. C’est pourquoi je me consacre sans tapage à réorganiser et à animer mes cellules de base par l’idéologie, l’action militante, le recrutement, la formation, la communication et l’ancrage social du Pds à Saint-Louis. Ce n’est pas une mince affaire lorsqu’on est dans l’opposition.
On va vers la présidentielle de 2017. On sait qu’au sein du Pds tout n’est pas rose. Même s’il y a eu une union, des querelles de leadership subsistent entre Mayoro Faye et Ahmet Fall Braya. Et c’est d’ailleurs ce qui avait perdu votre parti en 2009. Ne craignez-vous pas que l’histoire se répète dans le futur ?
Selon Frédéric Bastiat « détruire la concurrence, c’est détruire l’intelligence ». En politique, il est normal qu’il y ait de la compétition, mais encore faut-il ne pas couler le parti pour des intérêts particuliers. C’est pourquoi je pense que Mr Fall Braya et Mr Faye devront accorder leur violon et prendre clairement conscience que sans union, il nous sera difficile de revenir aux affaires.
À votre avis, sur quel levier peut s’appuyer votre parti à Saint-Louis pour reprendre sa place d’antan ?
Il nous faut proposer un projet de société attrayant et conforme aux aspirations des populations saint-louisiennes comme l’avait si bien fait feu Ousmane Masseck Ndiaye. Ce projet de société doit avoir un seul objectif : développer la ville et mieux accompagner ses habitants.
Sera-t-il chose aisée avec une Apr qui œuvre pour l’agonie du Pds ?
Je pense que le souci majeur de l’Apr n’est pas d’œuvrer pour l’agonie du Pds, mais plutôt de se massifier. Ce sera une œuvre titanesque pour ses leaders actuels, car vu le sentiment de rejet qui anime actuellement la population saint-louisienne, il va leur falloir « travailler, encore travailler, toujours travailler » pour espérer se maintenir en 2017.
Les renouvellements des instances du Pds sont agités par Fada et compagnie. Quelle est votre position sur ce sujet ? Quels conseils auriez-vous donnés à Me Wade pour mieux gérer cette crise interne ?
C’est évident qu’il faut renouveler les instances et améliorer le fonctionnement du Pds. Aujourd’hui nous devons nous poser plusieurs questions. Est-ce que les organes actuels du Pds fonctionnent avec une organisation qui garantit l’efficacité et la durabilité du parti dans son ensemble. Les organes de direction ont-ils défini un système cohérent et fourni des procédures et outils aux organes de base afin d’assurer une synergie et une efficacité dans l’ensemble du parti. Le débat démocratique au sein du parti est-il préservé ? La gestion des conflits et crises nécessite une médiation organisée qui semble faire actuellement défaut au sein du Pds.
AÏDA COUMBA DIOP (source Observateur)
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