A l’occasion d’une visite de l’équipe d’enseignants
chercheurs mobilisés par l’université Gaston Berger, la Saed, l’Institut des
Sciences de la Terre (Ist), dans le cadre des journées scientifiques de la
télédétection, les populations de Pilote Barre ont manifesté bruyamment leur
colère, attirant l’attention de ces experts sur l’urgence et la nécessité de
les déplacer et de les recaser dans une zone viabilisée et très éloignée des
ces vagues menaçantes. Selon un jeune fonctionnaire de l’Etat domicilié dans
cette partie du Gandiolais, A. F. Diagne, ces vagues viennent de cette brèche
qui a été ouverte et aménagée dans l’embouchure du fleuve Sénégal depuis 2003
par l’Etat avec l’appui de ses partenaires marocains pour protéger toute la ville
de Saint-Louis contre les inondations dues aux eaux de pluies et à la forte crue
du fleuve. Cette brèche, qui était de 4 m de large au départ a pu atteindre en
l’espace de 12 ans une largeur de 5 kilomètres, inquiétant toutes les populations
des villages de la commune de Ndiébène Gandiole, les autorités administratives,
coutumières et religieuses et autres partenaires. Jadis riche et prospère comme
Doune Baba Dièye, ce village de Pilote Barre, à en croire A. F. Diagne, s'est actuellement
métamorphosé avec l'avènement de la brèche. Réalisé en octobre 2003 pour parer
à toute éventualité d'inondation de la ville amphibie et tricentenaire de
Saint-Louis, du fait des fortes crues du fleuve Sénégal, ce canal de délestage
a été ouvert sur la Langue de Barbarie, à 5 km au Sud de l’ancienne capitale de
l’Afrique Occidentale française (Aof), en face de Doune Baba Dièye. Depuis,
Pilote Barre est sous influence directe des courants océaniques et a subi les
modifications néfastes remarquables. L'écosystème de ce milieu, qui était fortement marqué par la sécheresse des années 80 avec une
végétation fortement dégradée, surtout de son tapis herbacé et de sa population
de mangrove, est en train de subir une forte perturbation du fait des
phénomènes de changement climatique avec la montée des eaux de mer. Abondant
dans le même sens, Amy Diagne, transformatrice de produits halieutiques, B.
Sène, vendeuse de crevettes, huîtres, carpes et tilapias (espèces de poisson
d’eau douce), et trois autres braves femmes domiciliées à Pilote Barre, ont
laissé entendre que si rien n’est fait pour les sauver dans les plus brefs
délais, les habitants de ce village connaîtront le même sort que ceux de Doune Baba
Dièye. Nos interlocutrices se rappellent avec amertume les moments douloureux
passés avec leurs parents de l’île de Doune Baba Dièye qui ont été obligés
d’aller se réfugier aux villages de Dièle-Mbam, de Mbambara, Keur Barka et
Bountou Ndour. Pilote Barre, ont-elles précisé, est un village similaire à
Doune Baba Dièye sur tous les plans et à tous les niveaux et date de plus de
400 ans.
C’est une localité qui se remarque par la présence d'une
biodiversité qui abrite une flore sahélienne en régénération et une faune très
diversifiée (lapins, varans du Nil, tortues sulcate, tortues marines vertes
migratrices, singes rouges, oiseaux etc.).
Les populations de Pilote Barre, ont-elles ajouté, ont
toujours survécu grâce à l'élevage, aux activités maraîchères et à la pêche. «
Avec nos parents d’autres villages du Gandiolais, nous avons consacré toute notre
vie à l'agriculture et à l'élevage, à mener d’autres activités génératrices de
revenus qui se pratiquaient sur une bande de terre de 34 kms appelée
"Langue de Barbarie", qui relie l'hydrobase de Saint-Louis à l'embouchure
du fleuve Sénégal », ont-elles dit.
Mbagnick Diagne
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