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TERRORISME: Retour sur le jour où le Niger est entré en guerre contre Boko Haram

Tout a commencé un peu avant 9h vendredi matin à Bosso. Des habitants de la localité disent avoir entendu des coups de feu et des tirs à l'arme lourde dans cette bourgade qui se situe sur le rivage de la rivière Komadougou qui trace la frontière avec le Nigeria.
Les scénarios divergent un peu. Certains assurent qu'un avion de chasse a d'abord survolé Malam Fatori, la localité nigériane tenue depuis plusieurs mois par Boko Haram. Il serait d'abord allé mitrailler des positions du groupe islamiste de l'autre côté du fleuve. Boko Haram aurait répliqué et les combats auraient alors commencé avec d'un côté les islamistes et de l'autre les soldats tchadiens et nigériens. D'autres sources assurent au contraire que les assaillants sont arrivés en premier à plusieurs endroits de Bosso, à pied ou à moto, ciblant en priorité les symboles des forces de sécurité du Niger.
« Les assaillants étaient à quelques mètres de nos fenêtres », « ils sont rentrés dans certaines maisons », racontent des habitants terrés dans leur demeure. « Ils étaient nombreux et criaient " Allah akbar ! " », explique Moussa, encore sous le choc de cette matinée, et qui a suivi la progression des islamistes caché dans sa chambre.

Une centaine de combattants de Boko Haram éliminée 
En fin de matinée, les forces nigériennes et tchadiennes ont pris le dessus et ont repoussé les islamistes vers le Nigeria. Une source militaire tchadienne précise que le ratissage s'est poursuivi côté nigérian jusqu'à la forêt de Gangara.
A Diffa, plus à l'ouest, un obus a été tiré, vendredi matin, de la frontière nigériane sans faire de dégâts. A Bosso, vendredi soir, les habitants vivaient dans la crainte d'une nouvelle attaque de la part d'assaillants qui pourraient s'être cachés dans les alentours de la ville.
Selon un bilan donné vendredi soir par le ministre nigérien de la Défense, Mahamamadou Karidjo, 109 combattants de Boko Haram, quatre militaires et un civil ont été tués lors de ces attaques. Dix-sept membres des forces de sécurité nigériennes ont également été blessés, tandis que deux militaires sont portés disparus, a indiqué le ministre sur la télévision publique.
On a appris en fin de journée que le général Yaya Daoud, le commandant des forces tchadiennes déployées au Niger face à Boko Haram, a été blessé par balle à Bosso. C'est ce qu'indique une source sécuritaire tchadienne. Le général a reçu une balle dans le ventre, tirée par un combattant de Boko Haram qui avait fait semblant d'être mort, selon cette source. L'officier supérieur a été évacué vers l'hôpital de la Renaissance de Ndjamena.
Des menaces contre le président

Dans une récente vidéo, le chef de la secte islamiste avait visé le président Issoufou, en l'accusant d'avoir soutenu la marche républicaine contre le terrorisme à Paris, début janvier. Cela n'a pas changé la position de Niamey. L'objectif : tout faire aux côtés du Nigeria pour stopper l'avancée d'un groupe dont la seule idéologie semble être la haine de l'autre.
Conscient du danger et de la nécessité de s'y préparer, le gouvernement nigérien s'est rapproché des autorités tchadiennes pour élaborer une opération conjointe. Les Tchadiens sont sur le terrain à Bosso depuis le début de la semaine. Les Américains et les Français assurent la couverture du renseignement. Sur le plan intérieur, le gouvernement a saisi l'Assemblée nationale pour autoriser les forces de Défense du Niger à intervenir en territoire nigérian. Avec cette offensive intempestive, on peut le dire : le Niger est officiellement en guerre contre Boko Haram.
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