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Sur le carnet de vol de Jean-Louis Chatelain, il y a près de 20 000 heures. Les toutes premières qu'il a effectuées sur Stampe, fameux biplan école d'autrefois. Les plus récentes, aussi, sur son Jodel, en montagne. Et puis, entre les deux, les milliers d'heures qui l'ont vu copilote puis commandant de bord sur tous les types de Boeing d'Air France avant le couronnement de sa carrière sur Concorde. Prestigieux vols transcontinentaux et supersoniques auxquels on ajoutera alors pour faire bonne mesure… «8 ans comme instructeur chez Airbus, ce qui m'a permis de voler sur tous les appareils, de l'A320 à l'A380», précise alors Jean-Louis Chatela
Bref… tout ça pour dire qu'à 68 ans et avec un tel bagage acquis au fil de 42 ans de pilotage, l'homme pourrait jouer les vieux «chibanis» blasés. Sauf que les vrais passionnés d'aéronautique ne sont jamais comme ça. Il leur reste toujours quelque chose à faire. «Il y a quelques années, j'ai été invité par Jean-Jacques Galy, le président de l'association Air Aventures, à bord de l'avion des commissaires du rallye Toulouse-Saint-Louis du Sénégal, entre Saint-Louis et Agadir», se souvient Jean-Louis… Bilan ?
Eh bien, on peut avoir franchi des dizaines de fois le mur du son sur Concorde, vu tous les aéroports du monde… mais se dire alors qu'un jour, on répondra aussi «à l'appel du désert» en volant soi-même cap au sud à 200 km/h. Ce que va donc faire Jean-Louis pour la première fois cette année, avec son coéquipier Philippe Izard, sur un avion bois et toile, un DR400 de l'aéro-club de Toulouse-Lasbordes en l'occurrence. Et, ce faisant, ajouter une nouvelle ligne à toutes celles de son CV, parce que le secret de cette ligne-là, c'est qu'elle reste magique, une fois par an depuis 1983, restant celle de l'Aéropostale.
De fait, tous ceux qui l'on fait vous le diront, ce rallye-là, inventé par André Sabas, ne ressemble à aucun autre. Parce que sur 10 000 kilomètres, c'est le plus long du monde. Parce qu'avec cette 32e édition sans interruption, on peut désormais parler d'institution. Et parce qu'il réussit à amalgamer en une même famille pilotes professionnels et pilotes privés, toutes générations confondues, durant 12 jours. Mais pas seulement.
Dessine moi un avion
«Personnellement, je fais partie de ceux qui ont le culte des pionniers», explique ainsi Jean-Louis Chatelain, et «pour moi comme pour d'autres, le rallye c'est d'abord l'histoire de la Ligne Latécoère. Un parcours qui ravive la mémoire de nos grands anciens, comme Mermoz ou Guillaumet. Mais il rappelle aussi qu'il n'y a pas de petite aviation. Le vol à vue à bord d'un avion d'aéro-club sur de longues étapes reste une aventure avec des décisions aussi difficiles à prendre que dans le transport», souligne Jean-Louis, officier de sécurité.Sous l'égide du Bréguet XIV piloté jusqu'à Saint-Louis par Eugène Bellet et Luc Gimazane, en 2010, seize équipages décolleront dimanche matin de Toulouse-Lasbordes pour rallier Alicante, puis Casablanca, Agadir, Tarfaya, Dakhla, Nouadhibou et enfin Saint-Louis… «Comme tous les ans, ce sera aussi une compétition, avec des épreuves en route, mais également l'occasion pour nous de convoyer le courrier d'associations et d'écoles à destination de leurs correspondants locaux et de conduire des actions humanitaires puisque nous convoyons du matériel médical, des médicaments.», rappelle Christophe Machon, responsable de la communication d'Air Aventures.
Mais cette 32e édition prendra aussi une dimension spéciale grâce à l'opération «Dessine-moi un avion». Clin d'œil à Saint-Exupéry, lors de l'arrivée à Saint-Louis, en échange d'un dessin d'avion, les pèlerins du “Compostelle de l'aviation” offriront leur premier vol à une cinquantaine d'enfants des quartiers défavorisés. Les rêves, c'est aussi fait pour être partagés.
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