Le Parti Socialiste (PS), dans la tempête des renouvellements de ses
instances de direction, semble être au bord de l’implosion avec son
congrès qui sera organisé les 6 et 7 juin prochains au nom d’un
centralisme démocratique en vérité anti-démocratique.
Un scrutin qui tournera à la pantalonnade puisque tout le
processus électoral a été tripatouillé par Ousmane Tanor Dieng, l’actuel
secrétaire général, lequel compte par tous les moyens rempiler. Les
instances de base électives du Ps n’ont pas été totalement renouvelées
et voilà que, par la magie d’un comité central quasi-totalement dévoué à
sa personne, le même Tanor Dieng fixe les dates du prochain congrès
soit à vingt jours des locales. En procédant de cette manière, il veut
couper l’herbe sous les pieds de ses sérieux concurrents que sont
Khalifa Sall — qui n’est pas candidat au poste de secrétaire général —
et Aïssata Tall Sall. Malgré l’opposition des jeunes partisans du maire
de Dakar comme Youssou Mbow et le député Aminata Diallo, Tanor, par la
voix de ses jeunes loups Barthelemy Dias et Abdoulaye Wilane, tient
vaille que vaille à la tenue de ces élections aux dates initialement
retenues. On comprend aisément cet empressement tanorien pour organiser
vaille que vaille l’élection du nouveau secrétaire général du Ps, le 7
juin prochain. Puisqu’il va présenter à nouveau sa candidature, il doit
se donner les moyens de gagner son élection. Ainsi, il lui faut influer
sur le comité central stalinien acquis à sa cause pour procéder à un
pseudo-vote qui ne favorise que son initiateur. On pensait que la
dernière défaite de Tanor à la présidentielle de 2013 serait son chant
du cygne mais, à la grande surprise des Sénégalais, l’Union
départementale de Mbour qu’il dirige a proposé sa candidature. Ce qui
sonne comme un dépôt officiel de candidature puisque l’intéressé s’en
est réjoui. Pourtant ses défaites successives de 2000, en tant que
directeur de campagne d’Abdou Diouf, 2007 et 2012 en tant que candidat
devaient sonner l’hallali politique de Tanor. Mais que nenni !
D’ailleurs Le 12 janvier 2012, dans une interview accordée à «Jeune
Afrique», Ousmane Tanor Dieng avait clairement déclaré que, s’il ne
gagnait pas l’élection présidentielle de 2012, il ne serait plus
candidat à une autre. En sus, il avait ajouté le 03 avril 2013 à la 2STV
que « quelle que soit la formule utilisée, il ne serait pas candidat à
la présidentielle de 2017». Comme si la pratique politique conditionnait
son souffle vital, l’actuel secrétaire général du Ps n’est pas près de
rendre le rendre le tablier. Piqué par le virus wadien du « wakh wakhète
», il a versé dans des rétractations verbales pour guigner une fois
encore le fauteuil qu’il occupe dans l’appareil socialiste. Ce qui pose
un problème d’éthique pour un leader politique qui a toujours montré aux
Sénégalais qu’il était un parangon du respect de la parole donnée.
Quelles leçons d’éthique n’a-t-il pas donnée à Wade lorsque ce dernier
renonçait à sa parole donnée pour briguer un troisième mandat
présidentiel ? Cette rétractation verbale a été lourde de conséquences
puisqu’elle a été à l’origine de plusieurs morts lors de la période
pré-électorale.
UN CONGRES MANIPULE
Pourtant, la descente aux enfers du Ps entre 2000 (40 % des voix),
2007 (13 %) et 2012 (11 %) devait pousser l’actuel patron des « verts »
de Colobane à prendre sa retraite politique sachant que le peuple ne
partage pas son projet depuis 18 ans. Aujourd’hui il est de notoriété
publique qu’il a verrouillé, tripatouillé les règles de procédure
électorale pour s’imposer encore à la tête du Ps. Khalifa Sall qui sait
que ce vote est déjà piégé a fait savoir qu’il ne participerait pas à
une telle mascarade. Le maire de Dakar, conscient que le congrès est
manipulé d’avance, ne veut pas offrir à Tanor une victoire éclatante
parce que portant la marque de la défaite de celui que tout le monde
désigne comme le vrai leader de la formation socialiste. Une défaite qui
lui aurait parsemé de clous pointus le chemin qui devra le mener à la
présidentielle de 2017. Mais Secrétaire général ou pas, Khalifa Sall,
porteur d’un projet rénovateur qu’il compte présenter au peuple en 2017,
fera face au président Macky Sall lors de cette échéance fatidique.
Toutefois Aïssata Tall Sall, dont la coordination départementale
de Saint-Louis qu’elle dirige a proposé sa candidature, disputera sans
grandes illusions le poste du SG du Ps à Tanor. La pasionaria de Podor
sait d’avance que ses chances d’être couronnée sont très minces à cause
des manœuvres manipulatoires de Tanor et d’une certaine oligarchie sous
la coupe de ce dernier mais elle veut montrer à l’actuel secrétaire
qu’il est temps de raccrocher et de laisser la place à ceux qui ont un
projet politique réellement rénovateur. Aujourd’hui, après l’historique
congrès « sans débats » de 1996 qui avait consacré les premières grandes
lignes de fracture du Ps avec un Ousmane Tanor Dieng illégitimement
parachuté à la tête des « Verts » et des éléphants écartés, on
s’achemine vers un deuxième congrès sans âme avec un éventuel vote
stalinien comme l’a ironisé Youssou Mbow, proche de Khalifa Sall. Le
seul mérite de Tanor après presque deux décennies à la tête du Ps, c’est
de l’avoir fait sombrer. En cela, ses adversaires politiques devraient
le féliciter puisqu’il a fait du parti qui a dirigé le pays pendant
vingt ans une machine électorale non gagnante. En 1996, Tanor incarnait
la rénovation du Parti socialiste qui ne parvenait plus depuis 1984 à
impulser de changements en profondeur dans son mode de fonctionnement et
à proposer un projet politique en phase avec les attentes populaires.
On attendait des orientations politiques et des axes programmatiques
sous la supposée ère de rénovation socialiste, finalement on a assisté à
des batailles de positionnement et à un déni du débat contradictoire
ayant débouché sur des exclusions arbitraires de militants de la
première heure. Djibo Ka, qui a eu l’outrecuidance de contester la
dictature d’Abdou Diouf qui a imposé son rival d’antan (Tanor) à la tête
du Ps, fut exclu avec bon nombre de militants socialistes qui
partageaient ses convictions. Trois ans après, ce fut au tour de
Moustapha Niasse de divorcer d’avec le parti de Senghor. Ces départs de
poids ont eu comme conséquence la chute du président Abdou Diouf et la
fin de règne du Ps à la tête du pays après quatre décennies. Et de
Charybde en Scylla, les démissions en cascade s’accentuèrent au
lendemain de la défaite de Diouf avec un Ousmane Tanor Dieng qui ne
voulait quitter pas la barque qui tanguait dans les eaux houleuses de la
défaite électorale de 2000. Même s’il parvenait à maintenir le
gouvernail, il était évident que le capitaine conduisait le navire
socialiste vers les écueils des défaites électorales successives. En
2007, de 40 % en 2000, il passe à 13 % avant de dégringoler à 11 %. Il
appert aujourd’hui que ce Ps tanorien ne pèse plus 10 % tant l’actuel et
futur secrétaire général a montré ses limites comme vrai leader d’un
parti aussi lourd que le Ps. Ainsi la courbe électorale du Ps ne cesse
de décroitre dangereusement. Et si ce parti continue se descente aux
enfers, c’est à cause du manque de vision de son Secrétaire général qui
n’a pas un projet rénovateur fédérateur. Tanor sait pertinemment qu’il a
atteint ses limites politiques. Finalement, on est passé du parachutage
à la dégringolade. Il ne peut plus prospérer, son discours ne porte
plus, ne captive, bref ne charme plus. D’ailleurs, il ne l’a jamais été.
Son manque de charisme doublé d’un projet socialiste peu convaincant
ont fait toujours perdre le Ps sous sa coupe. Le Parti socialiste,
caudataire d’une Apr chancelante, n’a plus de ligne politique. Ainsi la
logique commande qu’il quitte la scène politique avant que des
événements inattendus ne le fassent partir. Aujourd’hui le paysage
politique interne de la formation socialiste est totalement à
recomposer, mais cette recomposition doit faire émerger une équipe
nouvelle et surtout un fonctionnement totalement différent de ce que les
militants ont connu depuis 1996.
TANOR POUR JOUER LA CARTE MACKY EN 2017
Après Moustapha Niasse, qui a fait acte d’allégeance pour soutenir
Macky Sall, il est évident que Tanor suivrait les traces du leader de
l’Afp même si les formes de soutien peuvent différer. Il ne sera pas
candidat d’opposition pour contrer le président Macky Sall qui lui a
donné véhicule, salaire mensuel et autres passe-droits en tant que
ministre conseiller mais il est dans des logiques compromissoires pour
faire triompher le candidat de l’Apr en 2017. Le premier schéma retenu
par Tanor serait de présenter une candidature de diversion au nom du Ps
dans l’optique de barrer la route à Khalifa Sall qui ne pourra pas le
faire en s’appuyant sur la machine électorale socialiste. Pour l’actuel
SG du Ps, voir Khalifa Sall triompher à la prochaine présidentielle pour
une première participation là où il a subi trois revers amers sera
ressenti profondément comme une avanie, une humiliation. Le second
schéma tanorien serait de ne pas se présenter contre le président Macky
Sall mais tout en imposant un oukase interdisant toute autre candidature
au sein du Ps, comme Niasse l’a fait à l’AFP (Alliance des Forces de
Progrès). Auquel cas des jeunes comme Barthélemy Dias, très attachés à
Tanor mais pas au point d’acquiescer l’idée d’une éventuelle
non-participation à la présidentielle, n’hésiteraient pas à se dresser
contre leur mentor si le Ps devait dérouler le tapis rouge à Macky Sall
pour un second couronnement en 2017. Et c’est là que Khalifa Sall aurait
les coudées franches pour en découdre avec le président de la
République sortant. Donc la position de Khalifa Sall, qui n’est en rien
liée aux rets de Bennoo Bokk Yaakaar, est très opportune pour une
participation à la prochaine présidentielle. Comme quoi le duel
Tanor/Khalifa, loin d’être à fleurets mouchetés, atteindra son paroxysme
à l’heure des choix pour la présidentielle de 2017.
Serigne Saliou Guèye
Tweet
NITOU INTERET – Saison 1 – Bande Annonce Episode 89
Il y a 1 heure