L’HTA ne se manifestant le plus souvent par aucun symptôme, son
diagnostic se fait soit lors d’une consultation pour une toute autre
raison , soit lors d’un dépistage , par exemple par la médecine du
travail, quand ce n’est pas par un appareil d’automesure. Pour affirmer
un diagnostic d’hypertension, il ne faut pas se baser sur un chiffre
isolé. En effet, la pression artérielle varie considérablement
tout au long de la journée : elle peut être parfois assez élevée au
cours d’un effort intellectuel ou physique, au cours d’un stress, ou
encore lors d’une maladie intercurrente.
La tension normale chez l’adulte est strictement en-dessous de 14 et de 9 (140-90).
Cette pression artérielle doit être mesurée au repos physique et
psychique complet, c’est-à-dire après être resté allongé ou assis au
moins 5 à 10 minutes sans bouger et sans parler. Seules ces conditions
de mesure permettent de définir une hypertension.
Comment confirme-t-on le diagnostic ? On a recours à deux types d’outils : le plus simple, des appareils d’automesure
achetés en pharmacie ou prêtés par le médecin permettent de mesurer
soi-même sa tension. L’autre type de mesure, plus contraignant, plutôt
réservé au cardiologue est le holter tensionnel appelé MAPA
(Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle). Il comporte un brassard
posé pendant 24 à 48 heures qui se gonfle automatiquement tous les
quarts d’heure environ et enregistre le niveau tensionnel.
Faut-il pratiquer l’automesure, et comment ?
L’auto-mesure donne des valeurs plus fiables que
celles mesurées au cabinet médical. Elle permet au patient d’être
participatif ce qui favorise son adhésion au traitement, ainsi que de
répéter les mesures en particulier avant chaque rendez-vous médical.
Néanmoins, il ne faut pas que cela devienne une obsession, ou une source
d’angoisse, ou à l’opposé, un gadget. C’est pourquoi il est vivement
recommandé de ne se servir de l’appareil que dans la semaine qui précède
un contact médical ou au maximum une fois par mois.
Et pour que ces données soient fiables, il faut qu’elles soient
correctement mesurées à la maison. Pour cela, des protocoles ont été
élaborés qui sont en France résumés sous la forme de la règle des trois.
- Trois mesures consécutivesle matin selon un certain protocole : se
lever de son lit, faire sa première toilette, ne pas prendre ses
médicaments, puis s’asseoir à table au calme (sans conjoint ou enfants
qui courent autour), appareil posé sur la table. Attendre deux à trois
minutes. Lancer les trois mesures en cinq minutes au maximum. Noter ces
trois valeurs et puis refaire à l’identique ces mesures le soir avant le
coucher.
- Trois mesures matin et soir
- Trois jours de suite.
La moyenne de ces 18 mesures doit être inférieure à 135-85, donc un
demi-centimètre de mercure de moins que les valeurs normales au cabinet
du médecin. Cette différence reflète simplement la réactivité différente
que l’on peut avoir face à un médecin par rapport au fait d’être
tranquille à la maison. L’automesure permet au médecin d’adapter le
traitement en toute sécurité, sans risque de traiter pour rien. En
effet, on sait par exemple qu’après 65 ans, 25 % des patients n’ont des
chiffres anormaux qu’au cabinet médical ! C’est l’effet « blouse
blanche. »
Qu’est-ce que l’HTA blouse blanche ? Et l’HTA masquée ?
L’HTA blouse blanche est aussi appelée l’hypertension isolée de consultation. Tout est dans la définition : des chiffres de pression artérielle anormalement élevés de façon transitoires au cabinet,même
si le patient ne se sent pas anxieux. Cependant, la situation du
cabinet médical et de la consultation est tellement singulière pour
certains sujets que les chiffres de tension vont s’élever
transitoirement.
A l’inverse, l’hypertension artérielle masquée est une entité relativement nouvelle et inverse à l’HTA blouse blanche : les valeurs sont normales au cabinet médical et élevées à la maison,
avec une différence peu marquée cependant. Par exemple : une personne
qui a 138/90 au cabinet est considérée comme ayant une tension normale,
mais si elle a 138/90 à la maison, elle ne l’est plus, puisque les
valeurs normales à la maison sont 135/85. Ceci confirme l’intérêt de
pratiquer les mesures ambulatoires régulièrement afin de mieux définir
et préciser le type d’hypertension.
Quels examens sont nécessaires pour établir le bilan d’une HTA ?
Il faut différencier le bilan initial, indispensable avant de
démarrer tout traitement et le bilan de suivi. Il est très important que
le bilan initial comprenne un examen clinique, un électrocardiogramme, un examen des urines
avec une bandelette et puis une prise de sang très simple qui consiste à
vérifier le potassium et la fonction des reins qui s’exprime par le
taux de créatinine. Ce bilan comporte aussi un dosage de la glycémie
pour détecter un diabète qui est fréquemment associé à l’hypertension et
un bilan lipidique. Diabète et cholestérol sont des facteurs de risque
de maladies cardiovasculaire et doivent donc être aussi pris en charge.
D’autres examens sont très fréquemment prescrits mais leur utilité a
été très largement discutée comme par exemple le fond d’œil. Certains
examens plus sophistiqués peuvent être intéressants d’emblée ou dans un
deuxième temps, si par exemple l’hypertension artérielle est sévère, si
elle s’accompagne de signes cardiaques ou s’il y a un doute sur son
origine et ses conséquences.
Faut-il consulter un spécialiste ?
Le recours au spécialiste n’est pas justifié d’emblée sauf si
l’hypertension est sévère ou compliquée, si le sujet est jeune, ou s’il y
a une maladie associée comme une affection rénale. Le spécialiste peut
être un médecin de ville, un cardiologue le plus souvent mais aussi un
néphrologue, un endocrinologue, ou encore un généraliste très compétent
dans l’hypertension, ou un médecin interniste.
Quand la tension artérielle est contrôlée, il n’est donc pas nécessaire de voir un spécialiste de l’hypertension. A l’inverse, les dernières recommandations précisent bien que si l’hypertension n’est pas contrôlée après six mois de traitement, le recours au spécialiste devient indispensable pour évaluer par des examens spécifiques soit un retentissement de l’hypertension sur les organes nobles, soit une cause à cette hypertension. De plus, il pourra proposer des associations thérapeutiques qui sont de son domaine.
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